Dans un contexte marqué par de fortes tensions géopolitiques, les niveaux d’activité 2022 des banques se caractérisent par une croissance solide

Dans un contexte marqué par de fortes tensions géopolitiques et leurs conséquences économiques (bond des prix de l’énergie, volatilité des marchés et des devises, forte hausse de l’inflation, relèvement marqué des taux courts et longs…), les niveaux d’activité 2022 des banques se caractérisent par une croissance solide :

  • En 2022, les groupes bancaires français et européens affichent des PNB en hausse, après une année 2021 record qui illustre la reprise économique post crise sanitaire.
  • Ainsi, après de longues années de revenus contraints notamment par le contexte de taux, les grands groupes bancaires français voient leurs PNB cumulés progresser de presque + 6%.

Si la profitabilité d’exploitation des groupes bancaires français demeure solide, leur exposition au conflit russo-ukrainien et à certains clients emblématiques a provoqué une hausse sensible du coût du risque.

Coefficient d’exploitation

Coefficient d’exploitation moyen des groupes bancaires français. Le coefficient d’exploitation moyen des groupes bancaires français demeure stable autour de 66%, témoignant d’un pilotage étroit des charges, dans un contexte de forte inflation qui n’a pas encore produit tous ses effets, de hausse des charges réglementaires et informatiques ainsi que de restructurations pour certains groupes bancaires.

Coût du risque

Les expositions des groupes bancaires français au conflit russo-ukrainien et à certains clients emblématiques de la place se sont traduites par une hausse sensible du coût du risque après une année 2021 particulièrement atypique en la matière, avec un impact plus ou moins sensible (selon le degré et la nature d’exposition) sur la profitabilité nette des groupes bancaires.

La période qui s’est ouverte depuis mi-2022 est un changement de paradigme pour les banques : après une période d’environ 10 ans caractérisée par des taux bas, voire négatifs, qui ont pesé sur les marges d’intérêt, les banques vont devoir réapprendre à vivre dans un environnement de taux positifs.

  • Dans un contexte de forte remontée des taux et de volatilité des marchés induit par des évènements marquants au 1er trimestre 2023, les perspectives d’activité et de résultats  de l’année pourraient constituer un creux de vague en 2023, avant une reprise attendue en 2024-2025 sur fond de stabilisation de l’inflation et des taux.
  • Cela a remis sur le devant de la scène des natures de risque dont on pouvait s’imaginer à tort qu’elles avaient disparues : le risque de syndication et le risque de liquidité.

Les PNB des groupes bancaires resteraient sous pression en 2023

  • Reprise progressive et lente des activités de financement, dans l’attente de la stabilisation des taux, avec des marges toujours pincées (épargne réglementée, taux d’usure), reprise progressive des opérations de conseil qui peuvent les accompagner ;
  • Désolvabilisation de certains acteurs économiques (particuliers et entreprises), et de certains projets du fait de l’inflation et de taux plus élevés ;
  • Normalisation des activités marché en lien avec une moindre volatilité sur les activités de fixed income, currency and commodities (titres à revenu fixe, devises, et matières premières)

Les perspectives de profitabilité et de rentabilité 2023 seront incertaines sous l’effet :

  • De charges toujours haussières dans un contexte inflationniste : la volonté de « maîtrise des charges » impactera tous les postes, dont les frais de personnel, avec un risque de NAO contenues et de perte de pouvoir d’achat, et de recherche d’économies via des restructurations
  • D’un coût du risque en hausse. Néanmoins, les banques ont constitué des stocks de provisions importants à l’issue des deux crises (sanitaire et russo-ukrainienne), qui devrait leur permettre d’y faire face sereinement.

Ces perspectives 2023 peuvent, selon nous, avoir une incidence négative sur :

  • Les rémunérations, avec des NAO faibles dans un contexte inflationniste ;
  • L’emploi, avec des non-remplacements de départs plus nombreux et des tentations de délocalisations d’emplois (notamment vacants) sur des plateformes offshore ;
  • Les conditions de travail, en lien avec les non-remplacements des départs et l’effet des réorganisations et restructurations,
  • L’investissement dans l’attractivité et l’image employeur, la transformation des organisations et les sujets RSE. Comment faire en sorte que ces derniers soient un enjeu permanent non dépendant des conditions macro-économiques ?

Vous pouvez consulter le replay de notre Webinar Secteur bancaire 2023 : Enjeux et défis, regards de nos experts, replay du 04/04/2023